
Grâce à la coopération gouvernementale, au financement de la Banque mondiale et à la mise en œuvre du programme PICAGL, de nouvelles dynamiques émergent dans la chaîne de valeur du riz au Sud-Kivu et au Tanganyika, en RDC. L’augmentation de la productivité, la production durable et la qualité élevée du riz local créent de nouvelles opportunités d’affaires pour les producteur·rice·s et les jeunes.
Aux côtés du Rwanda et du Burundi, voisins de la RDC, on trouve la plaine de la rivière Ruzizi, qui se jette dans le lac Tanganyika. Le potentiel de production rizicole de cette longue étendue de terre est énorme, mais le secteur du riz fait face à d’importants défis, principalement en raison du manque de supervision gouvernementale et de services publics, parmi lesquels :
Depuis 2011, Rikolto promeut l’investissement agricole et la commercialisation du riz dans la région, mais le programme PICAGL a offert une opportunité exceptionnelle pour intensifier nos activités. PICAGL (Programme d’Intégration pour le Développement Agricole des Grands Lacs) est un projet ambitieux promu par le gouvernement congolais et financé par un prêt de la Banque mondiale. Le projet vise à augmenter la productivité agricole, créer des opportunités d’affaires et renforcer la résilience des systèmes alimentaires face aux crises en RDC. Il se concentre sur le développement de quatre chaînes de valeur agricole, dont celle du riz.

Je me souviens encore de la première fois où je suis descendu dans la plaine de la Ruzizi, dans la province du Sud-Kivu. Lorsque nous leur avons demandé quels étaient leurs défis, chaque producteur·rice de riz a répondu : « Nous n’avons pas de marché pour notre riz ». J’étais incrédule. Déjà à cette époque, la population de la ville de Bukavu, située à 45 km des rizières, était estimée à près d’un million d’habitant·e·s.
L’achèvement des procédures administratives, conjugué aux contraintes de la pandémie de COVID-19, a freiné la mise en œuvre des activités du projet, qui ont finalement débuté en 2019 au lieu de 2016. Pour compenser le temps perdu, une prolongation a été accordée et une deuxième phase du projet a été approuvée, qui se terminera en 2024.
Lors de la première phase du PICAGL 2019‑2021, l’intervention de Rikolto s’est concentrée sur quatre piliers :
La deuxième phase du projet s’est concentrée sur la gestion de l’eau et l’implication des jeunes.
Pour garantir un approvisionnement en riz tout au long de l’année pour les consommateur·rice·s urbain·e·s, l’accès à l’eau d’irrigation et de drainage doit être assuré dans toutes les zones de production ciblées par le projet. Pour pallier l’échec de l’UNOPS, le fournisseur d’infrastructures du PICAGL, et pour établir de nouveaux périmètres rizicoles pour les producteur·rice·s, nous avons décidé d’adopter l’Approche Smart-Valley, une méthodologie participative, communautaire et moins coûteuse, développée par Africa Rice pour la construction de systèmes hydro-agricoles. 24 sites couvrant 1 320 ha seront aménagés dans les deux provinces, dont 792 ha au Sud-Kivu et 528 ha au Tanganyika.
Si les consommateur·rice·s privilégient le riz entier à grains longs, cela se fait au détriment des producteur·rice·s, pour qui 25 à 30 % de la production est constituée de riz brisé après le décorticage. Les jeunes ont saisi cette opportunité pour transformer ces déchets de production en divers produits à base de riz (biscuits, croquettes, farine pour bouillie, galettes, etc.) et créer de nouvelles opportunités d’affaires.
À Bwegera, la variété Tai a permis d’améliorer la production, passant de moins de 2 t/ha à 4 t/ha, ce qui nous donne un peu d’espoir. Si nous améliorons l’accès à l’eau, nous pourrions atteindre 4,5 t, voire 5 t par hectare.
Je suis en charge d’un GEMAM mis en place par la coopérative CABAS. Nous avons reçu un crédit de 10 kg de semences Komboka pour chaque ménage, à rembourser à la récolte, soit avec une partie de la production, soit en argent. Ce crédit semences a été un soulagement pour nous, car nous n’avions pas accès à des semences de bonne qualité.
Feza Zabuloni
Productrice de la coopérative CABAS

16 organisations paysannes sont désormais mieux structurées et ont amélioré leur capacité organisationnelle, leur gouvernance et leur gestion financière grâce aux formations et au suivi rapproché de Rikolto, ainsi qu’à la mise à disposition d’un nouveau logiciel comptable (SAGE). Les organisations ont élaboré leurs propres plans d’affaires et ont sollicité des prêts auprès d’institutions financières (Equity Bank, SMICO, PAIDEK et Coopec Kalundu) facilités par Rikolto ; 6 d’entre elles ont obtenu des crédits agricoles pour un montant total de plus de 220 000 USD.
Nous avons accompagné le développement de nouveaux produits alimentaires à base de sous-produits du riz. Dans le laboratoire de l’Université Évangélique en Afrique (UEA), 11 formules alimentaires à haute valeur nutritionnelle ont été développées avec des jeunes entrepreneur·e·s prometteur·euse·s. Deux de ces start-ups (Uzima Food et STADL/HINJA) vendent leurs produits dans des supermarchés (Amigo et Stars Market) de la ville de Bukavu.
