Cacao et Café durables

Les cacaoculteur·rice·s de l’Ituri se positionnent sur le marché du cacao de spécialité

September 10, 2025

Rikolto collabore avec la coopérative Cacao Okapi (plus de 700 producteur·rice·s) en Ituri pour mettre en place des centres de fermentation et de séchage centralisés, dans le but d’améliorer significativement la qualité du cacao tout en préservant la biodiversité locale, notamment la réserve d’okapis.

Icon Place

Pays

Région

Ituri

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Objectif

Au moins 700 producteur·rice·s, regroupé·e·s dans la coopérative cacao Okapi

Icon Duration

Durée

2017-2022

Mambasa est l’un des territoires les plus vastes de la République démocratique du Congo. Il pleut abondamment et les routes, non entretenues, sont des casse-têtes pour l’évacuation des produits champêtres. Ce territoire est couvert par la forêt équatoriale que les producteur·rice·s coupent allègrement pour emblaver des nouveaux champs, de cacao notamment. Mais le territoire de Mambasa n’est pas très connu pour son cacao. Ce sont plutôt les groupes armés qui ont fait connaitre ce territoire, notamment en tuant un animal endémique et protégé dans la région : l’okapi, espèce phare de la réserve de faune à okapis.

Notre modèle de vraies coopératives dans la filière café, respectant scrupuleusement tous les principes coopératifs, commence à être recopié aussi par d’autres acteur·rice·s dans l’Est de la République démocratique du Congo, ce qui ne fait que confirmer la pertinence de notre approche. Bien plus, d’autres filières s’y intéressent et c’est ainsi qu’une organisation de cacao du territoire de Mambasa en Ituri nous a invité·e·s à développer avec eux une approche de centres de fermentation et de séchage de cacao, inspirée des micro-stations de lavage de café, mais reconfigurées pour le cacao.

C’est dans ce cadre qu’en 2017, Rikolto a conduit une étude en territoire de Mambasa. Cette étude montre que le potentiel de production de cacao dans ce territoire de la province de l’Ituri est énorme. La culture du cacao est la principale source des revenus des familles paysannes dans la région. Pourtant, la filière cacao dans le territoire de Mambasa ne rapporte pas beaucoup aux cacaoculteur·rice·s. Pourrait-on dire que la filière n’est pas organisée ? Les acteur·rice·s sur terrain se concentrent uniquement à augmenter les volumes de production de cacao, ne fournissant presque pas d’efforts dans l’amélioration de la qualité.

Pourtant, dans la filière café arabica par exemple, notre expérience a montré que les paysan·ne·s obtiennent des meilleurs revenus si l’attention est tournée avant tout vers la qualité, la quantité venant en second lieu. La filière fait face à de nombreux défis et le cacao est vendu à des prix dérisoires par manque de qualité et de structuration. « Le maillon producteur·rice est le moteur de la filière. C’est ce maillon qui rend disponible la matière première. Il faut un appui conséquent à ce maillon afin de produire du cacao en qualité et en quantité », reconnait l’administrateur du territoire de Mambasa.

Rikolto va œuvrer aux côtés d’au moins 700 (sept cents) producteur·rice·s de cacao, réuni·e·s dans la coopérative cacao Okapi, pour relever les défis qui se trouvent sur la route menant à l’amélioration de la qualité. Avec World Conservation Society, qui œuvre à la conservation de l’okapi, nous comptons allier production d’un cacao de qualité avec conservation de la biodiversité. La route menant à la professionnalisation des cacaoculteur·rice·s étant longue, nous sommes ouvert·e·s à tout partenariat avec les acteur·rice·s intéressé·e·s par le bien-être des familles des producteur·rice·s de cacao.

Les défis

  • Pas de traitement centralisé, pas de cacao homogène
Les planteur·euse·s faisaient le traitement chez eux·elles, d’une façon individuelle. Ce qui fait que l’on n’atteigne pas un cacao homogène. Parce que chacun·e le traite à sa manière et selon son emploi du temps, la qualité n’était pas bonne

Charles Kambale Kivalotwa

Directeur-gérant de la coopérative Cacao Okapi

  • Faible qualité du cacao, prix dérisoires. La qualité du cacao est faible, avant comme après la récolte. Le marché n’est organisé que pour le volume. Conséquence : les cacaoculteur·rice·s peinent à vivre des maigres ressources tirées de la filière. « Il y a un problème de marché. Les producteur·rice·s engagent des moyens pour produire mais en comparant les prix payés aux dépenses engagées, ils·elles se retrouvent souvent avec un déficit. Il leur faut un marché qui va rémunérer décemment leurs efforts. Car la situation actuelle décourage certain·e·s cultivateur·rice·s de cacao et ils·elles pourraient abandonner cette culture. J’en ai vu qui se convertissent dans les cultures vivrières », continue Charles.
  • Prix dérisoires, désintéressement des jeunes, filière non durable à la longue. « Actuellement, les planteur·euse·s sont des personnes du troisième âge. Les jeunes ne sont pas intéressé·e·s par l’agriculture car il n’y a pas d’accompagnement. Si les jeunes ne sont pas impliqué·e·s dans l’agriculture, la filière n’est pas durable. C’est un échec qui se prépare, car les aîné·e·s vont disparaître et avec eux/elles la filière. Sauf si les jeunes prennent la relève », poursuit Charles Kivalotwa.
  • Pratiques ne respectant pas les normes environnementales. La cacaoculture, dans le territoire de Mambasa, pousse les producteur·rice·s à couper la foret pour emblaver de nouveaux champs. Ce qui a pour conséquence de menacer la biodiversité du milieu, notamment la réserve à faune à okapis.
  • Manque d’accès au crédit. Les cacaoculteur·rice·s n’ont pas accès au crédit faute de garanties et sont donc exclu·e·s du circuit financier congolais.
  • Manque de contrats pour exporter le cacao. Les cacaoculteur·rice·s congolais·es n’exportent pas leur cacao. Ils·elles vendent leur récolte aux intermédiaires qui leur proposent des prix bas.

Rikolto va œuvrer aux côtés d’au moins 700 producteur·rice·s, réuni·e·s dans la coopérative Cacao Okapi, pour relever les défis qui se trouvent sur la route menant à l’amélioration de la qualité

Ndegho Mukomerwa

Coordinateur du programme Café et cacao en Ituri

Nos stratégies

  • Structuration des cacaoculteur·rice·s en coopérative. Les cacaoculteur·rice·s, à travers leur coopérative, vont tisser des relations d’affaires avec les acheteur·euse·s de cacao fin dans le monde.Le 1er octobre 2019, à l’occasion de la journée internationale du café-cacao, une coopérative a vu le jour en territoire de Mambasa. La coopérative est enregistrée légalement.
  • Nous avons conduit des essais d’amélioration de la qualité, en suivant le protocole mis en place par l’entreprise partenaire ZOTO. Les résultats ont été immédiats. Kilimamwenza et Mayuwano ont obtenu des scores excellents. « Ces deux dernières années, nous avons atteint 88% comme score de qualité du cacao provenant des expérimentations, lui conférant l’appellation cacao de spécialité. Cela nous pousse à aller de l’avant, pour mettre en place des infrastructures de traitement de cacao de qualité supérieure. C’est vraiment une nouvelle approche », dixit le directeur-gérant de la coopérative cacao Okapi.
  • Nous introduisons de bonnes pratiques agricoles qui visent à réduire les effets négatifs sur l’environnement (sol, eau, pesticides, …). Les formations visent à augmenter le rendement au niveau du champ et diminuer la pression sur la forêt. En conciliant la cacaoculture avec la conservation de la biodiversité, la filière s’en trouvera remodelée. « Grâce à la formation, les producteur·rice·s pourront nous amener du bon cacao à partir des récoltes. Car le traitement commence au champ. Le·la producteur·rice devra être capable de trier les bonnes cabosses, faire la taille régulière des cacaoyers, contrôler les différentes maladies, trier les bonnes cabosses pour ainsi augmenter le rendement, le volume requis pour le cacao et la qualité. C’est très important que les producteur·rice·s fassent un bon entretien de leurs champs pour avoir le bon calibre de cacao », s’enthousiasme Charles Kivalotwa.
  • Co-construction des centres de fermentation et de séchage. Rikolto va co-investir avec les producteur·rice·s pour mettre en place 22 centres de fermentation et de séchage de cacao. Le traitement standardisé et centralisé du cacao donnera un produit homogène. Surtout, c’est la voie royale pour produire du cacao de spécialité pour obtenir des prix rémunérant la qualité. Le directeur-gérant de la coopérative Cacao Okapi lance un message : « Rikolto est en train de mobiliser des fonds pour la co-construction des centres de fermentation et de séchage de cacao. (les parts sociales des producteur·rice·s constituent la moitié du coût de construction d’un centre). Il faudrait que plusieurs partenaires puissent appuyer cette initiative. Aujourd’hui, nous avons le projet de construire 22 centres de fermentation et de séchage dans la zone. Mais les moyens disponibles jusque-là vont permettre de construire seulement 4 centres. Vu le potentiel de production dans la zone, il faut bien plus. C’est un grand défi. J’en appelle aux partenaires privé·e·s et public·ques intéressé·e·s par la filière d’appuyer l’initiative. Car, avec l’appropriation de cette culture, si appui des partenaires il y a, alors nous allons améliorer les conditions socio-économiques d’un grand nombre de petit·e·s producteur·rice·s. »
  • Nous connectons les cacaoculteur·rice·s aux acheteur·euse·s internationaux·ales du cacao de spécialité. En octobre 2019, la coopérative cacao Okapi a participé au Salon du chocolat de Paris, en France, où se côtoient les cacaos de qualité supérieure.
  • Connecter les cacaoculteur·rice·s avec les institutions financières pour l’accès au crédit. Collecter les cabosses de cacao et les traiter pour en faire un cacao de qualité supérieure demande des moyens financiers importants que seules les parts sociales des cacaoculteur·rice·s ne peuvent pas couvrir.
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Les résultats atteints

  • Mise en place et enregistrement légal d’une coopérative. Le 1er octobre 2019, à l’occasion de la journée internationale du café-cacao, une coopérative a vu le jour en territoire de Mambasa: la coopérative cacao Okapi. La coopérative est enregistrée légalement.
  • Participation aux salons internationaux du chocolat et mise en relation avec les acheteur·euse·s de cacao. En octobre 2019, la coopérative Cacao Okapi a participé au Salon du chocolat de Paris, en France, où se côtoient les cacaos de qualité supérieure. « Un grand merci à Rikolto et à ses bailleur·euse·s de fonds Alimento et Vivace, pour nous avoir facilité et financé le voyage. Le même remerciement à ZOTO. Sans eux·elles, les petit·e·s producteur·rice·s de cacao de Mambasa ne seraient pas connu·e·s sur l’échelle internationale. Aujourd’hui, c’est une fierté pour le Congo. Notre cacao a attiré l’attention de beaucoup de chocolatier·ère·s. Petit·e·s comme grand·e·s chocolatier·ère·s ont été intéressé·e·s par notre cacao. Nous avons échangé avec une vingtaine d’entre eux, des relations d’affaires en perspective », dit Charles, enthousiaste.
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Avec qui travaillons-nous ?

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Contact

Ndegho Mukomerwa

Conseiller programme Café / Cacao en Ituri

ndegho.mukomerwa@rikolto.org
+243 811 952 402

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