Cacao et Café durables

La renaissance du café arabica à l’Est de la RDC

September 19, 2025

La production de café Arabica en République Démocratique du Congo est confrontée à de sérieuses difficultés, en raison notamment des prix très bas sur le marché mondial. Les producteur·rice·s dépendent encore largement d’intermédiaires qui commercialisent leur café sans leur offrir de services en retour. Pour y remédier, notre programme accompagne les producteur·rice·s de café dans la création de coopératives dédiées au traitement du café de qualité et facilite leur mise en relation avec des acheteur·euse·s de café gourmet.

Icon Place

Pays

Région

Beni, Lubero, Ruwenzori, Mahagi, Djugu et île d'idjwi

Icon Scope

Objectif

Au moins 7 500 producteur·rice·s de café organisé·e·s en 5 coopératives : Kawa Kabuya, Kawa Kanzururu, Kawa Maber, SCPNCK et Bblo Kawa

Icon Duration

Durée

2017 - 2022

La demande mondiale de café de qualité est en augmentation, mais la production de café est en danger. La hausse des températures, le mauvais temps et les catastrophes naturelles menacent les flancs de montagne, indispensables à la prospérité des grains de cette plante de haute altitude.

La production de café Arabica en République démocratique du Congo fait face à de sérieuses difficultés, notamment à cause des prix bas sur le marché mondial. Les producteur·rice·s dépendent d’intermédiaires qui vendent leur café sans offrir de service en retour. Beaucoup de producteur·rice·s de café sont exploité·e·s par ces intermédiaires, qui proposent des crédits pour la récolte la plus récente à des tarifs extrêmement bas. En conséquence, iels doivent lutter pour survivre.

À cela s’ajoute une taxation excessive comparée à celle des pays voisins, ainsi qu’une complicité systématique de certains départements d’État dans l’exportation frauduleuse du café congolais. Le volume de café exporté via des voies officielles est réduit jusqu’à un dixième de la capacité. De plus, le café congolais souffre d’une réputation médiocre, et les producteur·rice·s de café de qualité ne sont pas correctement récompensé·e·s, car iels n’ont pas un accès direct au marché international.

Notre programme soutient les producteur·rice·s de café dans la création de coopératives pour le traitement du café de qualité et les met en relation avec les acheteur·se·s de café gourmet. Ces coopératives sont organisées autour de micro-stations de lavage, chacune desservant cent membres possédant des champs de café dans les environs. Chaque micro-station de lavage constitue une section de la coopérative.

Les défis

  • Seul·e·s quelques producteur·rice·s parviennent à produire 250 kg par hectare, alors que le rendement pourrait atteindre 2 000 kg. La basse productivité met en péril la survie de la production de café.
  • La qualité du café est faible ; avant comme après la récolte, les pratiques n’arrivent pas à améliorer la qualité des plantes de café.
  • Aucune unité centrale n’existe pour le traitement des cerises de café, ce qui conduit à un café de qualité variable. Chaque producteur·rice traite le café dans sa propre ferme (café lavé à la ferme), produisant ainsi un stock de café hétérogène.
  • La seule usine de café restant au Sud-Kivu fonctionne en-dessous de sa capacité en raison de l’approvisionnement irrégulier en café parche. Les producteur·rice·s ne sont pas encouragé·e·s à vendre régulièrement, car iels n’ont pas de contrats de vente à l’exportation.

Le café congolais est si riche en saveur. Vous en serez accro.

Kisumba Kamungele

Président d'AFCA en RDC

Nos stratégies

  • Rikolto veut améliorer la productivité en plantant de nouvelles cultures de café. Les variétés les plus appropriées sont cultivées dans des pépinières et distribuées aux producteur·rice·s.
  • Nous introduisons de Bonnes Pratiques Agricoles qui visent à réduire les effets négatifs sur l’environnement (sol, eau, pesticides, etc.).
  • Pour la fertilisation, le compost local issu de la pulpe de café est utilisé.
  • Nous mettons en place les Champs-Ecoles Paysans pour le transfert des connaissances sur l’augmentation de la production de fermier·ère à fermier·ère.
  • Nous construisons des micro-stations de lavage à la fois au Kivu-Nord, Kivu-Sud et Ituri, qui sont chacune exploitées par 100 caféiculteur·rice·s. Ainsi, le café peut être lavé de façon centralisée, et les variations dans la qualité du café peuvent être évitées.
  • Diversification des produits et des acheteur·se·s de café. Présentement, toutes les micro-stations de lavage font du café lavé, le fameux « fully washed ». Les coopératives expérimentent d’autres types de traitement de café : du café « natural » et du « honey bean ».
  • Ce que nous cherchons, c’est faire en sorte que les coopératives sachent à l’avance la qualité du café proposé aux acheteur·se·s. Car les acheteurs de café rémunèrent la qualité. Plus la qualité est élevée, plus la rémunération augmente. Pour cela, nous les formons à la dégustation du café. Nous les dotons en appareils pour mesurer certains indicateurs : taux d’humidité, activité hydrique, …
  • Négociation des contrats de livraison avant la saison. Bien plus, nous nous activons à négocier des ententes commerciales pluriannuelles entre les acheteur·se·s et les coopératives café. Ces ententes commerciales serviront de façon pluriannuelle pour le crédit.
  • Accès au crédit. Nous connectons les coopératives aux créditeur·rice·s. Seules les parts sociales des caféiculteur·rice·s ne sauraient couvrir tous les besoins en liquidités des coopératives pour traiter et commercialiser le précieux café arabica de spécialité.
  • Nous faisons la promotion de la consommation locale de café. Il en va de la viabilité de la filière café en RDC. La filière café est solide dans les pays qui consomment eux-mêmes la majeure partie de leur production. Un pays dont la production de café est consommée localement est à l’abri des fluctuations de la bourse de New-York. Ainsi, les producteur·rice·s obtiennent un meilleur prix, stable.
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Les résultats atteints

Cinq coopératives ont été mises en place et enregistrées légalement : Kawa Maber (Mahagi), Bblo Kawa (Djugu), Kawa Kanzururu (Rwenzori), Kawa Kabuya (Beni-Lubero), SCPNCK (île d’Idjwi).

Chaque caféiculteur·rice qui est devenu·e membre d’une des quatre coopératives de café a contribué $50 en argent liquide ou en nature pour les matériaux de construction et travaille pour construire une micro-station de lavage, pendant que le programme a aidé en fournissant les équipements (dépulpeuse, treillis, filet d'ombrage, toitures des hangars de séchage, hygromètre, etc.).

Il y a 123 micro-stations de lavages en opération (avril 2020, toutes pas encore indiquées sur Google Maps) et des dizaines en préparation. Il y a 5 employés par micro-station de lavage opérationnelle (responsables pour traitement après récolte et pour contrôle de qualité), en créant au total 520 nouveaux emplois. 27 employé·e·s travaillent pour les coopératives.

Autre résultat atteint, c'est l'accès facile aux nouvelles plantations de café, menant au renouvellement des plantations. La productivité ne cesse d'augmenter: le volume des 5 coopératives augmente chaque année.

Avant le début de saison, les coopératives signent des contrats de livraison avec les acheteur·euse·s. Ces contrats servent comme garantie auprès des institutions de crédit. Ce crédit permet aux coopératives de traiter le café dans les meilleures conditions pour produire du café de qualité supérieure.

La qualité du café est améliorée significativement. Comme conséquence, le revenu des familles de producteur·rice·s  a doublé jusqu’à tripler dans une année et demie. Beaucoup  de producteur·rice·s  indiquent que, maintenant, ils peuvent facilement payer les frais scolaires de leurs enfants. Il y a moins d’exclusions d’école de pauvres enfants.

La charge de travail des femmes a diminué beaucoup : elles ne font plus le traitement à la maison. Assez d’hommes ont cédé une part significative de leurs caféiers à leurs femmes, menant à une indépendance économique plus grande pour les femmes.

Suite aux efforts de plaidoyer, les 4 services étatiques contrôlés par le Ministère des Finances ont diminué le paiement de leurs prestations de plusieurs % à 0,25% de la valeur FOB du café. Un seul d’entre eux (DGDA) prélève la taxe pour tous les 4 et en assure la distribution.

Que voulons-nous atteindre en 2021 ?

  • Augmenter la productivité moyenne de 0,5 T/ha à 1 T/ha de café parche ; produire et distribuer plus de 9 millions de plantules en pépinières.
  • Promouvoir les bonnes pratiques agronomiques à travers les Champs-Ecoles Paysans.
  • 80% de tout le café produit sera lavé dans les micro-stations de lavage, et atteindra une haute qualité.
  • Les conditions de marché seront améliorées :
  1. A la fin de ce projet, les coopératives de café vendront chaque année au moins 20 conteneurs de café de haute qualité.
  2. Les cinq coopératives Kawa Kabuya, SCPNCK (Kawa Kenja), Kawa Maber, Bblo Kawa et Kawa Kanzururu sont des partenaires fiables de commerce pour les acheteur·euse·s international·e·s.
  3. Toutes les coopératives auront obtenu la certification biologique et Commerce Équitable.
  • Structurer une nouvelle coopérative à Rutshuru.
  • Installer des usines de déparchage de café là où c'est économiquement rentable.
  • Installer un laboratoire à Butembo, au bureau de Kawa Kabuya, pour le contrôle de la qualité du café proposé aux acheteur·euse·s.
  • Rentabiliser les micro-stations de lavage.
  • Autonomiser les coopératives.

Résultats à long terme

Changements structurels dans les politiques nationales concernant le café et la restructuration de la chaîne de café au niveau national par la Confédération Nationale de Producteurs Agricoles du Congo (CONAPAC)

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Avec qui travaillons-nous ?

DGD
CFC
Efico Foundation

Contact

Leopold Mumbere

Directeur du programme Cacao et Café

leopold.mumbere@rikolto.org

Récits de terrain

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